La boucle est bouclée

Dans quelques semaines, cela fera un an que j’ai commencé mon parcours ici et depuis quelques semaines, je sens vraiment que la boucle est bouclée, c’est pourquoi je peux livrer ici mon expérience et vous encourager à persévérer et faire preuve de patience et de bienveillance, associé à la ténacité.

J’étais pour ma part ce qu’on peut appeler une « mangeuse émotionnelle » depuis mon enfance.   Repérer la faim, la satiété, ne pas écouter les diktats et les fausses vérités ne me posaient aucun problème….  
En revanche attendre d’avoir faim pour manger, c’était mission impossible puisque j’utilisais l’acte de manger comme un moyen de me sentir « bien » en permanence.
« Tu es si zen, si calme… » me disaient les autres…..    Certes, de l’extérieur…  à l’intérieur j’étais plutôt dans l’effort constant de trouver ce calme intérieur  (à coup de calories la plupart du temps, ça marche si bien à court terme….)

Voilà, je faisais partie des « bonnes vivantes » qui sont en surpoids (entre 10 et 20 kg de trop selon les époques), mais qui sont terriblement faciles à vivre : jamais un mot plus haut que l’autre, toujours prête à rendre service, toujours à l’écoute, toujours la perfectionniste…
Complètement focalisée, en quelque sorte, dans cette lutte pour être : zen, compétente, compréhensive, serviable, aimante, etc, etc…
et en combat (inconscient) contre des ressentis de «nullité », d’incompétence, de non-aimabilité, d’hyper-sensibilité, d’inadapation sociale, etc..

Je crois que c’est pour ça que je n’ai jamais pu « tenir » un régime : pour moi la priorité c’était d’exprimer ces qualités dans ma vie, d’éviter à tout prix d’en ressentir leur « horrible face cachée », c’était plus prioritaire que d’être mince…

C’est en venant ici si régulièrement, en pratiquant la RPC durant de long mois, en lisant tous les tchats, en lisant et relisant la même information répétée 100 fois que j’ai pu ainsi prendre conscience, peu à peu, de tout ce que je refoulais sous la surface….
Par les expériences désagréables que j’ai pu vivre ici aussi, sur les forums ou les tchats, je crois que vous savez de quoi je parle, quand personne ne répond à votre question ou que l’on ne vous comprend pas, voire quand on vous dit que votre ressenti n’a pas sa place ici….    Sur ce forum-ci c’est très rare parce que tout le monde est vraiment bienveillantes (et c’est bien), mais bon il suffit qu’on n’obtienne pas de réponse ou que sa question soit zappée pour qu’on se fasse des films, et donc, pour ma part, j’ai ressenti des sentiments de rejet, d’inadaptation, d’incompétence, le sentiment de ne pas être aimée, d’être trop sensible (et que c’est mal….. ;-), je crois que je m’étais programmée pour le ressentir, pour « rejouer » mes histoires ad vitam….
En prendre conscience ce n’était pas une mince affaire….   L’EME est ainsi devenue mon guide au lieu d’être mon ennemie…    J’ai une EME : j’ai un ressenti que je refuse…   point barre…   c'est-à-dire qu’il faut résister à l’envie de se dire  « bon alors quel est ce ressenti que je l’élimine… »  il faut arrêter de se couper les cheveux en quatre pour contrôler ses émotions, mais juste l’accueillir, l’accueillir, l’accueillir….. sans le modifier.

Cependant, ce qui a vraiment changé ma vie, c’est ce qu’on appelle la « défusion » (voir le bouquin de Russ Harris, le piège du bonheur, pour une explication bien plus claire que ce que je pourrais dire ici).
En gros, prendre conscience des « histoires » qu’on se raconte et se re-raconte… à la moindre occasion et que l’on croit dur comme fer (on est fusionné) et que l’on laisse dicter nos actes.

Dans mon cas, je me re-racontais souvent l’histoire de « l’incompétente » qui était suivie de près de « l’inadaptée sociale », et puis surtout la « non-aimée , non – désirée ».
Maintenant, à chaque fois que je me sens rejetée, pas à la hauteur, pas aimée, pas à l’aise socialement,  au lieu de fuir tout cela à grands cris en m’abritant derrière ma pralinoise, je considère que mon cinéma intérieur est en train de me jouer un film connu, généralement je visualise l’affiche, avec un gros titre qui s’affiche dessus, genre  « l’incomprise », et cela me permet à la fois d’accueillir cette histoire tout en la considérant pour ce qu’elle est : une histoire, simplement, pas la vraie réalité…   du coup c’est tout à fait supportable même si c’est désagréable et je me sens en connexion avec moi-même, profondément,  je ne ressens plus le besoin de fuir par la nourriture, par internet, par l’absorption dans l’autre…  je me surprends à faire de la musique pour mon plaisir et sans objectif particulier, à ne plus vérifier mon email, etc…

De même parfois s’activent dans ma tête des histoires positives : dans mon travail, parfois j’ai l’histoire de la « super-compétente » qui s’active, et c’est agréable mais ça reste aussi une histoire, une histoire agréable, ou encore  « the best »  ou « la fille à qui tout réussit »  ces histoires sont plus agréables que les autres, mais c’est important de les considérer comme des histoires, car j’ai remarqué aussi que sinon, elles provoquaient aussi des EME… ( vous savez, quand on se sent si bien et qu’on mange pour fêter ça….)

Je ne crois pas qu’il faille se débarrasser de toutes ces histoires, les désagréables comme les agréables, mais les considérer pour ce qu’elles sont : des images, des mots, des histoires, et ne plus les laisser décider de nos actes.

Le vrai cadeau pour moi, c’est mon ressenti intérieur quand j’ai cette conscience-là.  Je me sens enfin  moi-même…(après toutes ces années à courir après)  C’est dur à décrire comme ressenti mais abandonner la lutte intérieure contre mes états négatifs m’a apporté ce cadeau..    et les EME ça m’arrive encore, bien sûr, et même que je n’ai pas l’idée d’y résister systématiquement, mais simplement elles ne m’empêchent plus de maigrir….

Et pour finir donc puisque je sais que certains aiment les chiffres même si c’est un jeu dangereux (ça réactive l’histoire de « the winneuse »  et on peut vite être accroc à cette histoire), mais juste à titre d’encouragement et d’incitation à la patience, je vous dirais que pendant 8 mois ici, je n’ai fait que perdre 2 kilos pour les reprendre juste après…   et puis les 4 derniers mois (à partir du moment où j’ai réellement pratiqué la défusion et où j’ai aussi arrêté de me peser), j’ai perdu une dizaine de kilos.   Je pense qu’il m’en reste 5-6 à perdre pour atteindre mon poids d’équilibre mais je n’en suis pas sûre parce qu’il a pu augmenter un peu avec le temps…
Un bénéfice énorme : ne plus penser à la nourriture !!!

Voilà pour mon parcours sur Linecoaching, je ne peux que vous encourager tous et toutes à persévérer, à faire les expériences qui sont demandées et à accueillir ce que vous ressentez ici ou ailleurs, même si ce n’est pas toujours agréable, pour trouver une véritable acceptation de vous-même, laquelle vous permettra d’agir selon vos valeurs et d’atteindre ainsi vos objectifs !